Le 09 mars 2021, Rahima et Manel ont été assassinées par un membre de leur famille à Bejaia. L’assassin était le frère de Rahima.
Ce dernier pratiquait la sorcellerie, il voulait sacrifier la petite Manel qui avait 5 ans, Rahima, sa maman de 44 ans s’est opposée à cela, elle a alors été battue et assassinée par son frère avec la complicité d’autres membres de sa famille. Le collectif « Justice pour Rahima et Manel » s’est constitué par la suite afin de reloger la famille de Rahima et Manel, et de suivre l’affaire juridique.
Communiqué du collectif « Justice pour Rahima et Manel »
Ichekaben, le 27 Juillet 2021
A la presse, à l’opinion publique et à l’ensemble des militants.
Le collectif, basé en Algérie et à l’étranger (France, Canada, Usa…), en soutien à Rahima et Manel assassinées le 09 mars 2021, qui avait dénoncé le double meurtre, tient aujourd’hui encore à dénoncer la qualification «d’homicide involontaire » par le juge d’instruction.
Après un début d’instruction axé sur l’homicide volontaire, un nouveau juge a été désigné en instruisant sommairement le dossier pour rendre une ordonnance réduisant ce drame à « des coups et blessures sans volonté de donner la mort ». Tout cela sans avoir lui-même pris le temps d’auditionner les témoins !
Alors que dans cette action en justice, notre unique crainte était la falsification de l’état de santé psychologique du principal suspect. Rien ne nous laissait penser à une autre alternative.
Or, avec l’avancée de l’enquête, il a été porté à notre connaissance que le présumé coupable a reconnu les deux meurtres en insistant sur sa pleine capacité mentale au moment des faits et qu’il a également décidé d’assumer l’entière responsabilité pour dédouaner ses présumés complices.
Malgré cela, et avec tous les éléments instruits dans le dossier, avec un rapport d’autopsie des plus clairs et détaillés, nous avons été informés le 14 juillet 2021 que le juge d’instruction avait délivré une ordonnance en s’appuyant seulement sur l’article 264 alinéa 4 du code pénal disant : « Si les coups portés ou les blessures faites volontairement, mais sans intention de donner la mort l’ont pourtant occasionnée, le coupable est puni de la peine de la réclusion à temps, de dix (10) à vingt (20) ans. »
Pour rappel Rahima est morte entre les mains assassines de son frère et par ses coups incessants. Manel est décédée suite à l’étranglement effectué par ce dernier devant sa maman agonisante avant qu’il ne s’acharne de nouveau sur Rahima. Comment veut-on nous faire croire que ce fût sans intention de donner la mort ?! Quelle autre finalité que la mort ?! L’exorcisme déguisé en Roqia est uniquement l’arbre qui veut cacher la forêt. L’intention de tuer était claire en s’invitant ce jour-là chez les victimes ! Un tel criminel peut-il se voir à nouveau en liberté dans 15 ans !!! Nous croyons fort que nos institutions ne laisseront pas ce bourreau retrouver un jour la liberté alors qu’il a assassiné Manel et torturé Rahima avant de s’assurer que celle-ci soit morte?! Et ses complices dans tout cela, comment le juge d’instruction n’a-t-il pu retenir que l’article 182 du code pénal en les poursuivant uniquement pour non-assistance à personne en danger ?! Pourtant des éléments factuels du dossier induisent que ces derniers ont assisté le dit fils ou frère dans ses actes. Et si ce n’est pas le cas, c’est à eux-mêmes de le prouver durant le procès et non à un juge d’instruction de leur offrir cette porte de sortie ! Bien que le Procureur de la République ait décidé de faire appel de cette ordonnance et qu’il ait eu à plaider ce mardi 27 juillet devant la chambre d’accusation de Béjaïa, les juges présents ont confirmé l’ordonnance initialement donnée par le juge d’instruction. A présent, les avocats de la famille ont décidé de porter cette décision devant la Cour Suprême.
Par ailleurs, et par ce communiqué, le collectif tient à s’adresser directement au Ministère de la Justice, qui demeure le seul espoir d’intégrité et de justice pour que ce double meurtre soit qualifié en homicide volontaire avec préméditation selon les articles 254, 255, 256, 257, 258, 259, 261, 262, 263 du code pénal. Nous demandons également que les présumés complices soient poursuivis conformément aux articles 42, 255, 256, 257 de ce même code. Tout est dans le dossier. Si la mort de Rahima est qualifiée par le juge comme accidentelle, celle de Manel confirme tout le contraire.
En conséquence, nous espérons que l’Etat par le biais du Ministère de la justice se saisisse directement et rapidement de ce dossier afin de le requalifier. En présence d’un féminicide et infanticide la justice se doit d’être intransigeante !
De plus, le mari et les enfants de Rahima et nous, membres du collectif, avons décidé de tenir un sit-in devant le tribunal de Béjaïa afin d’interpeller de toute urgence nos autorités et l’opinion publique. Bien conscients de la situation actuelle, tout sera fait dans le respect du protocole sanitaire. Nous rappelons à chacun, que notre collectif s’est levé pour dénoncer ce double crime et que nous ne lâcherons rien jusqu’à ce que justice soit faite.